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Le style : Philosophie de vie et stratégie de subsistance

À l’origine, s’habiller constitue un acte de survie. Le vêtement protège notre corps en créant une barrière avec les agents extérieurs. Au-delà de cette fonction utilitaire, s’habiller est un discours sur notre lien avec l’humanité. Le vêtement traverse et évolue au fil de différents stades de vie : il naît, s’adapte, flétrit et meurt… Compagnon de notre quotidien, il reflète notre âme et exprime le spectre de nos émotions. Pour moi, s’habiller crée une connexion spirituelle plus forte que celle qui nous est présentée par le cycle de mode actuel. Au-delà de ses fonctions utilitaires, monétaires et esthétiques, un vêtement est une œuvre d’art qui incarne les signatures exceptionnelles de celui qui l’a fabriqué et celui qui l’arbore.

Aujourd’hui, la tendance pernicieuse du consumérisme crée un flux incitatif qui influence considérablement notre consommation de la mode. Analyser nos besoins de manière rigoureuse et miser sur la qualité plutôt que la quantité pourrait permettre d’universaliser la consommation de vêtements de manière accessible. Alors qu’il est de plus en plus difficile de discerner le gage de qualité, il est primordial de s’informer sur la composition et la provenance d’une pièce. Il est de mon avis que la valeur monétaire d’un vêtement ne devrait pas correspondre à celle fixée par l’industrie compétitive au dépourvu de la prémisse du savoir-faire artistique. Investir dans des pièces intemporelles et durables peut ainsi devenir une stratégie de subsistance. Tout un chacun a le pouvoir de se transformer en agent actif soutenant une industrie vestimentaire viable, basée sur la responsabilité collective, et non sur l’ignorance.

Alors que la mode se transforme en vulgaire marchandise, je crois qu’il est essentiel de s’interroger sur notre signification personnelle du style. Pour ma part, me vêtir me permet d’embrasser mes choix avec conviction, tout en exprimant mon lien au sein de ma collectivité. L’art vestimentaire incarne la métaphore largement utilisée de l’extension de son identité. Ainsi, les codes vestimentaires possèdent des auras particulières conférées par le travail de l’artisan et par la matérialité du textile ; jouer avec ceux-ci me permet de transgresser les codes de la société en arborant des valeurs comme l’amour altruiste, la compassion ou la culture du bonheur. Le style nous appartient et fait partie intégrante de notre entité. Au quotidien, il m’éclaire sur la meilleure version de moi-même.

En tant que blogueur de style, j’ai la conviction que le style peut sauver l’humanité de l’adversité et des atrocités. L’être humain, dans toute sa complexité, cherche à habiter son espace et à exprimer son identité sous différentes approches de déconstruction de ses propres limitations. Aujourd’hui, le futur de l’industrie de la mode se dirige vers le post-humanisme (après l’humanisme historique). Cette mutation lèvera le voile sur notre émancipation individuelle et rationnelle nous amenant vers une émancipation émotive et une spiritualité collective. Le plus important n’est pas de rechercher la reconnaissance absolue ou l’hégémonie individualiste, mais bien de s’interroger et de discuter avec un regard aimant et altruiste sur ce que signifie le style.

Charles Sirisawat est un blogueur de style basé à Montréal. Passionné par l’industrie de la mode et par le travail d’artisanat, il nous livre sa vision d’une approche au style personnelle, créative et soutenable.

Retrouvez Charles sur Instagram, et sur son blog.

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